August 7, 2020


Quelques-uns par une intemp�rance de savoir, et par ne pouvoir se r�soudre � renoncer � aucune sorte de connaissance, les embrassent toutes et n’en poss�dent aucune: ils aiment mieux savoir beaucoup que de savoir bien, et �tre faibles et superficiels dans diverses sciences que d’�tre s�rs et profonds dans une seule. Ils trouvent en toutes rencontres celui qui est leur ma�tre et qui les redresse; ils sont les dupes de leur curiosit�, et ne peuvent au plus, par de longs et p�nibles efforts, que se tirer d’une ignorance crasse.

D’autres ont la clef des sciences, o� ils n’entrent jamais: ils passent leur vie � d�chiffrer les langues orientales et les langues du nord, celles des deux Indes, celles des deux p�les, et celle qui se parle dans la lune. Les idiomes les plus inutiles, avec les caract�res les plus bizarres et les plus magiques, sont pr�cis�ment ce qui r�veille leur passion et qui excite leur travail; ils plaignent ceux qui se bornent ing�nument � savoir leur langue, ou tout au plus la grecque et la latine. Ces gens lisent toutes les histoires et ignorent l’histoire; ils parcourent tous les livres, et ne profitent d’aucun; c’est en eux une st�rilit� de faits et de principes qui ne peut �tre grande, mais � la v�rit� la meilleur r�colte et la richesse la plus abondante de mots et de paroles qui puisse s’imaginer: ils plient sous le faix; leur m�moire en est accabl�e, pendant que leur esprit demeure vide.

Jean de La Bruy�re (1645-1696), De la mode,” Les caract�res, ou, Les moeurs de ce si�cle

loosely: Some people have such an eager thirst for knowledge that they cannot bear to be ignorant of anything. They dip into everything and master nothing; they prefer to learn much rather than learn well, to be superficial and weak in many sciences rather than to be deeply versed in one. Thus they find that on every subject there is someone who excels them and can correct them; they are mere dupes of their own vain curiosity, and can only after long and painful efforts overcome their gross ignorance. Others possess the keys of all learning, yet never use them. They spend their lives in puzzling out all the known languages, and even would discover that which is spoken in the moon. The most useless idioms, the most ridiculous and mystical characters, are precisely those which awake their passion for languages and excite their industry. They pity those who are contented to know their own language, or at most, Greek and Latin. Such people read all books of history and yet know nothing at all of history; they skim through so many books that they profit by none; they could not well be more barren of facts and principles, but they certainly have the best collection of words and phrases which can be imagined; their memories are oppressed and loaded with them, while their minds remain empty.

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cabbagesnun why do cabbages always feature in medieval texts in such dubious and insalubrious connections? “A worme hatte vermis and is a beste �at ofte